Dix minutes.
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Ce soir.
Elle a enlevé son corps. Comme on retire une veste. Son corps, un habit. Pourquoi pas. Retirer ses oripeaux. Peaux de femme. Femme de peau. À fleur, la chair. Sauve qui peau. Peau de chagrin. Et du chagrin, elle en a.
Elle l’habite, son corps. Il l’habille. Et puis ce soir, pourquoi pas. Pourquoi pas l’enlever. Ne reste plus que sa carcasse. Car cassée le corps, car cassée la tête. L’ennui du corps et de ses chairs – trop molles, ses chairs. Son corps comme une poche qu’on remplit puis qu’on évide. Vide. C’est le bruit qu’elle fait ce soir, sans sa peau déposée et parfaitement pliée sur une chaise.
Écorce ou écorche. Elle décroche. Rideau. Dos. Rond. Toujours.
Alors fini. Fini le corps. Elle laisse tomber. Tout ça. Parce que le corps, c’est ça. Une enveloppe, un vêtement bien repassé et qui se plisse à force d’être porté. Alors au diable son corps et au diable vauvert qu’elle l’envoie, son corps plissé, ridé, écorné, tiré, étriqué. Trop petit d’ailleurs son corps. Pour contenir. Du coup, ça déborde. De la bouche. C’est le ventre qui dégueule, qui sort. Alors fous le camp tant qu’il est en encore temps. Et du temps, elle n’en a plus. Lui reste un corps. Un corps qu’elle a décidé de retirer. Se déshabiller. On verra bien ce qu’elle mettra demain. Parait que demain, il pleut alors il lui faut une chair qui ne craint pas les infiltrations – oui comme celles dans ses genoux parce qu’ils se plient plus très bien. Imperméable, la chair. Même si étanche, ça serait beaucoup mieux. Oui, beaucoup mieux.
Le corps, c’est le temps qui passe.